Danone Bonafont

Samedi 23 juin 2019, aéroport Benito Juarez de Mexico,

“IF NOT NOW, WHEN ? ”

Je lis cette inscription sur le t-shirt de Rufina Montoya, rencontrée le dernier jour du workshop, comme une conclusion de cette semaine de travail.

6 jours plus tôt, depuis le hublot de l’avion qui nous transporte, j’aperçois pour la première fois la ville de Mexico. L’ancien îlot aztèque Tenochtitlan, autrefois bordé par le lac Texcoco, est aujourd’hui devenu la ville dense, aux habitations colorées et aux rues chantantes, dans laquelle nous atterrissons. Les reliefs de la Sierra Nevada aperçus depuis la ville nous suivent jusqu’à notre arrivée à l’hôtel, situé au milieu de la zone commerciale de Cuautitlan. Là, les Walmart, Starbucks et autres Kentucky Fried Chicken nous entourent. La démesure de ces enseignes américaines contraste avec la sobriété des habitations aperçues le long du trajet. Le modèle consumériste des USA semble s’être ouvert à l’ensemble du continent, avant que les frontières du pays ne se ferment.

Nous arrivons à l’usine Bonafont de Valle de Mexico avec une nouvelle méthode et de nouveaux outils pour cette 2ème vague de workshop dédiée au programme Blue Operations. Au loin, nous apercevons toujours la Sierra Nevada. Le site, alimenté d’ici la fin de l’année uniquement par l’énergie du vent, est déjà aux couleurs de l’opération : une boîte à idée “Blue Ops” est placée à l’accueil. Fernanda Salazar travaille sur la partie environnement de l’usine depuis plusieurs mois et sait que le programme passe dans un premier temps par la créativité des équipes. Gabriel Sotelo, directeur de l’usine, le dit lui-même : “I believe in the people.”

Les équipes, justement, expriment rapidement leur curiosité quant au programme, et leur envie d’apprendre sur l’écologie. Gabriel, manager du site, et David, qui travaille en maintenance, s’accordent à dire que “we can improve our culture.” Mieux encore, l’un et l’autre, pourtant rencontrés à différents moments de la semaine, poussent le raisonnement. Chacun imagine les milliers d’idées relatives à l’écologie qui émergeront des trois cent onze employés du site (dont quatre-vingt-treize pourcent d’opérateurs) une fois ceux-ci formés sur le sujet.

Mardi 18 juin, nous rencontrons les managers de l’usine conviés par Fernanda et Gabriel à la réunion de lancement. La présentation de Pocheco et de l’écolonomie soulève une série de questions relatives au fonctionnement de notre entreprise industrielle du Nord de la France. Le sujet intéresse.

Gabriel et Fernanda nous font découvrir leur usine, depuis les 2 forages jusqu’aux quais de chargement des bouteilles, en passant par la zone de tri des déchets et les locaux de maintenance. Le site est un immense bâtiment métallique, entouré d’une voirie goudronnée. Jusqu’à 180 camions peuvent y circuler chaque jour, pour acheminer les produits finis jusqu’au centre de distribution situé à moins de dix kilomètres. Cette proximité géographique avec les clients a justifié l’emplacement de l’entreprise, qui produit de l’eau en bouteille depuis 2011. Depuis, une nouvelle ligne de production est ouverte presque chaque année.

Le site de Valle de Mexico est exemplaire sur la qualité et la sécurité. Gabriel sait le travail qui a été nécessaire pour atteindre ce niveau, et se dit prêt à engager les mêmes efforts pour le programme Blue Operations. Ceux-ci seront bienvenus pour l’équipe qui considère bien souvent que l’usine et ses équipes « can do more » à propos de l’écologie.

Nos échanges avec les opérateurs démontrent un réel enthousiasme quant à l’idée d’en apprendre plus sur le sujet, et “enter into circular economy” comme l’exprime Miguel. Apprendre, connaître, se cultiver. Le champ lexical du savoir est dans toutes les bouches, dans chacun de nos échanges. Toutes les personnes que nous rencontrons ont confiance dans les managers. Leurs portes sont toujours ouvertes pour accueillir les idées des uns et des autres. La contribution de chacun est d’ailleurs régulièrement sollicitée par les chefs d’équipe. Chez certains, les idées fusent autant que les avis sont tranchés : “It is not necessary to replace cardboard roll by plastic one to make it reusable : cardboard is resistant enough” nous explique ainsi Miguel en attrapant un rouleau en carton. Il ajoute ensuite “We could work with suppliers, sort waste better, and send them back their packaging.”

Pour les sous-traitants comme pour les Danoners, l’usine est un lieu d’apprentissage permettant d’amener les bons comportements – de tri par exemple – dans sa vie personnelle. Cela participe à faire de l’usine un modèle pour l’entourage des salariés. Mais la formation reste une demande. Omar, responsable de la cuisine, nous confie « we ask ourselves what planet are we leaving to our children, but the question is more about the children we are leaving to our planet ». Il précise ensuite “We must improve sustainability information and communication.” L’intérêt de l’équipe devant la liste de livres, vidéos, sites internet que nous avons constitué sur les sujets environnementaux confirme cette impression.

Au fil des rencontres, nous ressentons l’inquiétude de certains quant à l’utilisation du plastique. Inquiétude pour la sécurité de l’emploi d’abord lorsque la matière première se voit être décriée, refusée, interdite, mais également pour l’écologie. “No matter how long is the supply chain, to drink a bottle and throw it away in ten seconds, it is brutal.”

Rufina représente la communauté d’Axotlan, constituée de 4 500 habitants, qui entretient de bonnes relations avec le site de Valle de Mexico. L’équipe de l’usine fournit une partie de l’eau de process, qu’elle ne peut réutiliser, pour les usages de la communauté, organise des formations dans les écoles sur le tri des déchets ou la santé, met en place des journées de reforestation et sponsorise l’équipe de football locale. En revanche, l’impact de l’artificialisation grandissante des sols par la zone industrielle inquiète. Le village est dans une vallée, qui est régulièrement inondée lors des pluies intenses. Face à ces problématiques, nous devons collectivement trouver des solutions. Et comme nous le rappelle l’inscription en majuscules sur le t-shirt de Rufina: “IF NOT NOW, WHEN ?”

Des solutions émergent d’ailleurs de notre séance de réflexion du jeudi. “We need green areas” dit Ramon. Le manque de zones végétales revient dans les échanges de ce jour, lorsque nous imaginons l’usine de demain. Planter, au sol comme sur les toitures, permettrait de tamponner 70 % des volumes d’eau de pluie qui tombent sur ces surfaces, en plus de réduire les consommations d’énergie nécessaire pour rafraîchir le bâtiment.

La réunion de clôture, au cours de laquelle nous présentons l’aquarelle de l’usine, se termine sur la conclusion de Gabriel “I want that. I want that picture.”

Pour cela, nous commençons par un diagnostic de l’usine. Sur place, nous échangeons avec les équipes sur leur rapport à l’environnement. Dans la même semaine nous animons une session de brainstorming et d’inspiration pour engager les salariés dans la démarche. Cette session fait émerger une feuille de route écolonomique, que nous retravaillons par la suite, répondant aux ambitions du groupe. Sur le long terme, nous organisons des réunions de suivi régulières pour aider à la mise en place du plan d’action écolonomique.

« You’re inspiring. It motivates me to start working with the ideas of the brainstorming »

Fiche Technique

  • Maître d’ouvrage : DANONE WATERS
  • Effectif : 320 personnes
  • Mission : Mobilisation collective
  • Lieu : Valle de Mexico ( Mexique )
  • Année: 2019