Nous sommes le mercredi 9 juillet 2025. Le soleil de ce début d’été accompagne Alice, Arcadienne depuis 3 ans, sur le chemin de son travail. Elle profite de la fraîcheur matinale pour parcourir à pied le kilomètre et demi qui la sépare de la maison de Saïd, avec qui elle covoiture. Il y a quelques mois Arcadie a réalisé un plan de mobilité, et pour Alice et ses collègues ça a été le déclic. Près de la moitié de l’équipe s’est aperçue que des Arcadiens habitaient à proximité de leur domicile. Alors avec une troisième collègue, Sophie, Alice et Saïd partagent les frais de location d’une voiture électrique pour covoiturer. Alice a pu revendre la deuxième voiture du foyer et Saïd est sur le point de s’en séparer lui aussi.

Ils arrivent ensemble par le Chemin du Grès, depuis lequel ils distinguent facilement Arcadie. Au fil des mois il devient de plus en plus difficile de ne pas remarquer cet écrin de verdure qui se densifie sans cesse à l’entrée Nord de la ZAC du Moulin. A l’approche du site, la biodiversité foisonne. Chaque matin Alice et ses collègues sont accueillis par les nuées de passereaux qui passent d’une branche à l’autre avant de raser la mare pour s’hydrater et attraper quelques insectes au vol. L’entrée du site rappelle à Alice la bambouseraie d’Anduze qu’elle a visitée lorsqu’elle était encore au lycée. Arcadie fait la part belle au vivant. Le parking où Sophie, Saïd et Alice viennent de brancher leur voiture est presqu’entièrement végétalisé. Les places de stationnement sont laissées enherbées et perméables, et des arbres abritent les voitures des rayons du soleil d’été. Seule entrave à cette végétation, une ombrière photovoltaïque qui assure la recharge des véhicules électriques de l’équipe. Le parking surplombe l’ensemble du site d’Arcadie et offre aux covoitureurs une vue imprenable sur les toitures et les murs végétalisés, qui lient le bâti à la végétation qui l’entoure. L’usine semble se fondre dans la nature.

Avec ses collègues, Alice avance maintenant sous la pergola qui couvre l’accès piéton à l’usine. L’équipe y a fait pousser des vignes, des bignones, des clématites et du jasmin d’été, dont les fleurs colorent et embaument la voie à cette période de l’année. Sur la route, Alice s’arrête devant un panneau l’informant que la journée d’hier fut intense pour la toiture photovoltaïque qui a battu un record de production.

Au bout du chemin l’équipe de covoitureurs croise Pierre qui est arrivé à vélo ce matin. Il vient de traverser le jardin des senteurs qui sépare l’abri à bicyclettes de l’entrée principale de l’usine. Face au jardin, Pierre aperçoit les enfants traverser fièrement la cour de la crèche, la production de la matinée dans les mains. 3 œufs récupérés auprès de Cocotte, Biscotte et Sensas, les poules dont ils prennent soin.

L’équipe entre désormais dans le bâtiment. La transition est douce avec l’extérieur car l’intérieur du site offre une vue traversante aussi bien sur les ateliers de production que sur les jardins, dehors. Les larges ouvertures qui font office de murs offrent aux Arcadiens le confort d’un éclairage naturel et des points de fuite pour le regard.

En toiture les panneaux solaires produisent 100 % de l’électricité de l’usine. Mais pas question pour Arcadie de gaspiller un kilowatt heure, l’entreprise a beaucoup travaillé à réduire ses consommations d’énergie. L’équipe a également optimisé sa gestion de l’eau. L’eau de pluie, ressource précieuse, est récupérée et stockée dans de grandes cuves. Elle sert pour les sanitaires, la végétation, et le rafraîchissement des bâtiments. Une partie de l’eau de pluie est également retenue dans les espaces extérieurs : les mares, bassins et noues d’infiltration empêchent les précipitations trop importantes d’inonder le site d’Arcadie comme elles inondent parfois le reste de la zone d’activité.

Pour assurer le confort thermique des Arcadiens, on utilise aussi la géothermie. Ce système régule la température et est associé à un tirage d’air naturel qui évacue la chaleur en même qu’elle ventile les espaces et renouvelle l’air intérieur. En hiver, la chaleur des machines est réutilisée pour chauffer les locaux, gratuitement.

A propos des machines, lorsque celles-ci sont nettoyées, les eaux de lavage que l’on récupère sont épurées sur place, dans des bambousaies de phytoremédiation.

La végétation luxuriante dans laquelle se fond l’usine est appréciée par les collègues d’Alice. Cela fait 3 étés que les uns et les autres témoignent de l’impression de frais qui les surprend chaque fois qu’ils s’approchent du site. Les façades Sud couvertes de plantes grimpantes, les toitures végétales, la bambousaie, les mares, les voiries laissées perméables sont autant d’éléments qui rafraîchissent Arcadie et ses abords l’été venu.

Les arbres ont doublé de volume depuis leur plantation en 2021, et les arbustes sont tellement denses désormais qu’Alice a parfois l’impression de se trouver au beau milieu d’une micro-forêt. Déjà ce matin elle a aperçu certains de ses collègues s’installer dehors pour travailler, à l’ombre des tilleuls et des cognassiers.

A l’intérieur, depuis la fin des travaux, les espaces ont été repensés. L’ensemble des matières premières est stockée dans un même lieu. Un bâtiment tempéré, biosourcé, fait de bois et de terre crue. Ces matériaux apportent une sensation de bien-être que l’équipe ne soupçonnait pas, avant d’en faire l’expérience.

Le broyage se fait maintenant sur 3 niveaux. Les matières premières, acheminées par l’étage supérieur descendent par gravité dans le broyeur et le mélangeur avant d’être emballées au rez-de-chaussée. Ensuite une navette électrique transfère ces matières dans la zone de conditionnement « cook ». Toute l’équipe logistique est parfaitement organisée, et anticipe les besoins des services pour leur envoyer les matières dont ils ont besoin.

A l’extérieur, en fin de matinée Alice fait découvrir le site à Nicolas qui rejoint l’équipe de la ferme en septembre. Il va contribuer à rendre l’endroit toujours plus favorable à la faune et à la flore sauvage. Il observe déjà autour de lui les espaces comestibles se mêler aux zones dédiées à la biodiversité. Alice lui explique que chaque année la quantité de fruits et de légumes produits sur place ne cesse d’augmenter. Elle invite d’ailleurs Pierre à se joindre au chantier participatif qui aura lieu fin juillet pour récolter les premières pommes du verger.

Le midi, tout le monde est réuni dans le patio, proche de la zone d’agroforesterie de laquelle Pierre et Ludmila reviennent les mains pleines de tomate et de basilic. Ces moments de rencontre sont l’occasion de passer des informations, des bonnes idées. Et aujourd’hui d’évoquer le projet de Martin : former des guides pour accueillir le groupe de 100 personnes qui viendra le mois prochain visiter l’entreprise.

Cela fait quelques années maintenant qu’Arcadie suscite la curiosité d’autres entreprises. Alors l’équipe montre l’exemple, et partage son expérience. 2 entreprises de la zone d’activités sont elles aussi en cours de transformation, 3 autres y réfléchissent. L’écolonomie mise en œuvre par les Arcadiens fait son chemin, pour le plus grand bonheur d’Alice et de ses collègues, fiers de leur entreprise.

En effet, en 2019 le groupe Monin a défini une stratégie RSE pour l’ensemble de ses activités. L’usine de Fresnes sur Escaut, sur l’impulsion du comité de direction souhaite que l’équipe s’approprie cette démarche et que le changement soit l’affaire de chacun.

Grâce au dispositif Industrie du Futur proposé par la Région Hauts-de-France nous avons accompagné l’usine dans cette mobilisation. Par un diagnostic documentaire et des rencontres avec l’équipe sur le terrain, nous avons évalué l’avancement de l’usine sur le plan environnemental, avant de définir collectivement une feuille de route RSE propre au site.

L’équipe s’approprie désormais les 4 chantiers que nous avons identifiés:
• Cycle de vie du produit
• Vers un bâtiment écolonomique
• Corridor biodiversité
• Interactions territoriales

Fiche Technique