Aperam

Isbergues, mercredi 9 juillet 2025.

 

Depuis Arras, arrêt après arrêt, les wagons se remplissent de cyclistes et de leurs petites reines. Arrivés en gare de Berguette Isbergues, tous ou presque descendent des wagons, montent en selle et dévalent à coups de pédales les rues Censée Balque et Pasteur. Leur destination, le site d’Aperam.

D’abord un peu surpris, les habitants d’Isbergues ont fini par s’habituer à ce flot quotidien d’apprentis Eddy Merckx qui arpentent les rues de la commune matin et soir. Et ce n’est pas le seul changement auquel les Isberguois se sont accoutumés. Ces dernières années, dans le fond du village, en limite du canal, une véritable forêt a poussé jusqu’à couvrir la zone industrielle.

La végétation dense qui bordait déjà Aperam 5 ans auparavant s’est étoffée. La biodiversité s’est développée au rythme des chantiers qui ponctuent la vie du site. Ainsi en 2022 une mare creusée à proximité du bâtiment biosourcé de N+P Recycling est venue en complément des deux zones humides aux extrémités Est et Ouest de la zone. Elle fait office d’espace relai pour les migrations des amphibiens. L’équipe d’Aperam s’est d’ailleurs saisi de l’opportunité de traiter ses eaux usées par les plantes pour transformer ces mêmes zones humides en véritables stations d’épuration. Sans pour autant dégrader les conditions de vie de la faune et de la flore. Dans le fond du site, une haie aussi haute que dense se dresse en perspective. Depuis que les arbres ont poussé, les émissions de poussières ont été considérablement réduites aux abords d’Aperam. Par cette haie connectée aux zones humides, la zone est devenue un véritable corridor de biodiversité.


De l’autre côté de la haie, sur le canal de Neufossé une péniche fait résonner son klaxon avant d’amarrer devant le méthaniseur. Le bateau revient de sa tournée. L’équipage a récolté au fil de l’eau, auprès des agriculteurs et des usines environnantes, les déchets organiques. Ces déchets alimentent le méthaniseur d’Aperam. Les usines sont désormais alimentées en biogaz. Plutôt que de repartir à vide, les bateliers rechargent à nouveau leur bateau de déchets qui seront transportés jusque dans l’entreprise de recyclage voisine.

Depuis les péniches on peut apercevoir l’ancienne darse qui a été reconvertie. L’équipe d’Aperam y a appliqué le principe de permaculture selon lequel « un élément assure plusieurs fonctions et une fonction est assurée par plusieurs éléments ». Ainsi la darse fait office de zone humide Nord, complétant les trois zones humides déjà en place, en même temps qu’elle sert à tamponner les volumes d’eau de pluie reçus en complément des noues d’infiltration creusées de part et d’autres du site.

Les cyclistes descendus du train ont maintenant atteint Aperam. Sur place, ils bénéficient – avec les piétons – d’un traitement de faveur pour accéder à leur lieu de travail. Une pergola solaire les abrite des intempéries sur la longueur du chemin. Les automobilistes quant à eux profitent à l’entrée du site de places de stationnements enherbées et perméables, abritées des rayons du soleil d’été par de grands arbres. Seule entrave à cette végétation, une ombrière photovoltaïque qui assure la recharge des véhicules électriques de l’équipe.

En ce début d’été, la glycine colore les bâtiments de fleurs violettes autour desquelles affluent en masse les polinisateurs. En hiver c’est le lierre qui fournit le couvert. En effet, l’ensemble du bâti a été repensé dernièrement autour des questions d’intégration paysagère et de performance énergétique. Les murs ont été isolés et bardés de bois avant d’être couverts de végétaux. Et lorsque les toitures ont été rénovées pour être davantage isolées, l’équipe d’Aperam en a profité pour créer de grandes ouvertures laissant entrer la lumière naturelle dans les ateliers. Et si la lumière entre, l’énergie, elle, ne sort pas. Aperam est devenue pionnière de la récupération de chaleur. Ce travail de gestion de l’énergie a mis un coup d’accélérateur à la démarche de décarbonation de l’activité. Depuis, les autres usines du groupe viennent à Isbergues pour s’inspirer du travail mené ici.

En dehors du site, sur l’ancien centre d’enfouissement technique, l’équipe d’Aperam s’est donnée les moyens de poursuivre le reboisement de la zone. Elle a développé une nouvelle activité de pépiniériste. On produit à Isbergues les arbres d’essences locales adaptées à la terre et au climat. Après s’être assurés de la qualité du sol, l’espace a été ouvert à deux maraîchers qui ont investi les lieux pour construire une serre de verre et de bois dans laquelle poussent les fruits et légumes distribués aux équipes et aux Isberguois.

Partout dans et autour d’Aperam, la vie se déploie.

Fiche Technique

  • Maître d’ouvrage : Aperam ( Arcelor Mittal )
  • Effectif : 1300 personnes
  • Mission : Mobilisation collective
  • Équipe : Ouvert
  • Période : En cours